Après un dossier qui a ramené la focale sur l'histoire de France et sur les signes ténus de la politique à travers mode et vêtement, les Cahiers d'histoire proposent un changement radical d'échelle d'analyse et de point de vue d'observation. Nous voilà embarqués du côté de constructions sociales et politiques en cours à travers l'ensemble du globe, qu'on peut rassembler, pour aller vite, du côté de l'« écosocialisme ». Pas du côté du « capitalisme vert », de celui des marchands qui marchandisent aujourd'hui, au nom du développement durable, les « droits à polluer » et qui prétendent promouvoir la « défense de l'environnement » en en faisant une nouvelle source de profit. Pas du côté de la surexposition médiatique des négociations de la COP 21 à la fin de l'année 2015, qui n'a d'égale que la faiblesse de son bilan politique. Les observateurs les moins téméraires saluent un « succès à confirmer », les plus lucides, comme Fabrice Nicolino, déplorent qu'une nouvelle fois les exigences d'une crise climatique aiguë n'aient pas trouvé de réponses politiques à la hauteur.Parce que l'écologie et les rapports à la nature ne sont pas autre chose que des processus politiques réifiés par les discours et les actions, il devient nécessaire - sinon indispensable - d'ouvrir notre revue à un questionnement large sur une formulation ancienne d'une pensée politique tout à la fois écologique et socialiste. Nous devons nous situer du côté de ces mouvements massifs de nos sociétés qui, face aux désastres environnementaux, face à l'accroissement tous azimuts des inégalités, associent l'idée de l'égalité, du partage des richesses et celle d'un usage démocratique des ressources naturelles considérées comme un bien commun. Les initiateurs de ce dossier, Sébastien Jahan et Jérôme Lamy, non contents de nous faire parcourir la planète, s'appliquent en effet à montrer que des problématiques que l'on peut rapprocher de celles de « l'écosocialisme », tel que défini au XXe siècle, cheminent dans l'histoire des sociétés humaines bien avant que les mots de « socialisme » et d' « écologie » ne fassent partie du vocabulaire commun.